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vendredi 3 juin 2016

SOS météores




      Comme tous les albums de E.P. Jacobs, SOS Météores est d'une brûlante actualité. Pas seulement pour la météo, dont les conditions en région parisienne - et dans le monde - sont exactement similaires à celles que  Mortimer observa en 1958, au point qu'on peut se demander si le Pr Miloch n'est pas derrière tout cela - par exemple on apprend que la gare de Versailles Chantiers est bloquée jusqu'à mardi 7 juin. Mais aussi en raison de ce que l'album phare de Jacobs nous dit au sujet des relations franco-britanniques. Dans les albums précédents, du Secret de l'espadon à L'énigme de l'Atlantide, les deux anglais, ou plutôt l'anglais Blake et l'écossais Mortimer - représentants paradigmatiques du génie britannique, le savant newtonien et le militaire churchillien un peu pirate à la manière de son homonyme - se tenaient à l'écart de la Gaule et du continent. Leur univers était tout londonien - La Marque Jaune  nous apprend qu'ils habitent Mayfair - et colonial - le fidèle Nasir - et jamais ils ne franchissent le Channel. Alors pourquoi en 1958, Mortimer vient-il à Paris , et pourquoi les trois albums suivants sont-ils quasi entièrement français ? SOS Météores se passe en région parisienne et est encore aujourd'hui le guide le plus sûr de la banlieue Sud Ouest - de Versailles  à Saclay - dont nous disposions. Le commissaire Pradier est un double de Jean Gabin. Le piège diabolique couvre toute la proche Normandie, la Roche Guyon, les boucles de la Seine. L'affaire du collier  se passe à Paris dans les années 60, et notamment dans le Vème , au Parc Montsouris, dans le XIV ème.  A son habitude Jacobs se concentre sur les souterrains, les catacombes, les caves, les grottes, les cours d'eau souterrains.

     Mais c'est surtout un changement d'époque dont témoignent ces albums admirables. Blake et Mortimer sont francophiles (Blake l'est moins car il incarne le froid calcul anglais là où Mortimer est
l'ami écossais des Continentaux). Ils viennent à Paris comme si c'était chez eux, et leurs fonctions officielles , leur rôle scientifique et militaire, leur font rencontrer les huiles locales, tout comme ils le faisaient outre Manche. Mortimer est parfaitement à l'aise à Paris. Il se déplace sans difficultés dans la capitale, malgré les inondations, est ami du Pr Labrousse qui habite à Versailles, est  à l'aise avec les chauffeurs de taxi, les postiers, et surtout avec le commissaire Pradier. Dans les albums ultérieurs, Le piège diabolique  et L'affaire du collier, cette familiarité avec Paris, cette quasi francité du britannique, s'accentuent encore. Dans Le piège diabolique  Mortimer prend quasiment en charge toute l'histoire du monde , des dinosaures au 31 ème siècle, vue à partir de la Bove de la Demoiselle du Château de la Roche-Guyon .Dans L'affaire du collier  il épouse littéralement  Paris, de la Seine au Parc Montsouris.

    Alors que s'est il passé? Pourquoi n'avons plus de francophiles en Angleterre? Julian Barnes le fut un temps, mais il est loin à présent. ce n'est pas Roger Scruton, tout occupé à son cottage et à ses chasses à courre, qui nous aidera. Même les Anglais de Dordogne semblent tentés par le repli, le retour. On ne les adaptera jamais à nos moeurs, même s'il restent clients de nos vins , pains et fromages.
    Et nous ? Que faisons nous pour nous adapter à la Perfide Albion ? Nous allons y travailler, mais aimons nous ses villages, qui sont souvent cent fois plus beaux que les nôtres, malgré l'ennui qui s'en dégage?
    Le climat réunira les Français et les Anglais.




26 commentaires:

  1. Monsieur,

    La plus grande partie de la réponse à votre question se trouve en dernière page du "Monde diplomatique" de ce mois de juin, sous la plume de Benoît Duteurtre.

    Les Français méritent mille fois le mépris des Britanniques (fût-ce M. Jeremy Paxman) : en vitrine, l'étalage douteux d'une "Francophonie" devenue caricature du néo-colonialisme le plus poussiéreux ; en arrière-boutique, la soumission décérébrée à la "langue-dollar".

    Edgar P. Jacobs était Belge. Madame Bovary, c'était Flaubert ; Blake et Mortimer ne sont, eux, que les avatars du Waterlootois. Dans le cas de Jacobs, la vraisemblance y laisse des plumes.

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    1. Mille bravos à Benoît Duteurtre, qui, quand il ne se laisse pas aller au pessimisme décliniste aux relents de catastrophisme droitier, préface aussi d'excellents livres, dont "Soixante-dix ans de café-concert" de Pierre-Robert Leclercq, un livre-phare qui guide ma carrière artistique. Né avec la Révolution de 1848, le café-concert sera remplacé par le music-hall anglais après 1918.
      E.P. Jacobs a été boy dans la revue du Casino de Paris en tournée à Bruxelles. Il paraît que Mistinguett s'entourait de grands beaux garçons aux traits féminins, mais il y avait sûrement des exceptions !
      La scène a hanté Jacobs toute sa vie. Il aimait les décors majestueux et il avait même vraiment dessiné des décors et des costumes d'opéra. Il exécutait les actions de ses personnages, en se faisant photographier, avant de les dessiner. C'était déjà le procédé des images de synthèse.
      Benoît Duteurtre a aussi écrit un livre sur l'opérette. Il est très utile pour comprendre la raison du grand trou entre Offenbach et les opérettes jazzy de Maurice Yvain ("Ta bouche", "Pas sur la bouche" et même "Bouche à bouche", à une époque où le baiser sur la bouche fait débat). Dans le domaine artistique, comme en philosophie, il y a des trous et des pannes d'inspiration.
      Avec le Carnaval des Joyeux Turlurons et leur samba endiablée, Hergé, quant à lui, mettra la scène dans la rue.

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  2. J'ai l'impression que cet article de B. Duteurtre ( dont je n'ai lu que le début en ligne) confond l'anglais et l'américain. Les Américains parlent anglais, mais ne sont pas des Anglais. Ceux parmi ces derniers qui sont contre le Brexit, me semble-t-il, sont ceux qui n'ont pas envie de se retrouver seuls face à l'Oncle Sam. On peut les comprendre. Les français aussi n'ont pas envie de se retrouver face aux Américains. Le meilleur moyen de ne pas le faire, c'est d'être européens. Et le meilleur moyen de ne pas se retrouver seuls face aux Allemands, c'est de garder le lien avec la perfide Albion.
    Je n'ignore rien de la belgitude de E.P. Jacobs. Mais vous êtes bien méprisant à l'égard du dessinateur du Bois des pauvres, qui rata sa carrière de ténor d'Opéra. Son admiration pour l'Angleterre ne peut elle être partagée aussi par quelques français ?

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    1. Pourquoi tant de mépris vis-à-vis des "français" qui n'ont pas le droit à leur majuscule contrairement aux Anglais, Américains ou Allemands?
      J'ose espérer qu'il ne s'agit que d'une coquille, d'autant plus que dans vos obligations professionnelles liées à l'EHESS, vous vous devez d'être au paroxysme de l'excellence française.
      Une amie de Louis VIII

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    2. Un de vos liens précise que Jacobs était baryton et non ténor. Je n'ai pas d'éléments pour trancher !..

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    3. Dans l'"Affaire Tournesol", le Méphistophélès de la Castafiore serait E.P. Jacobs. Mais je crois que Méphisto est une basse, alors que Jacobs était un baryton. Quant à la soprano Castafiore, qui avait son Onassis en la personne de Rastapopoulos, tout a été dit sur elle. Elle ne chante pas faux, son organe est trop puissant pour les oreilles du Capitaine. Pourtant, les marins sont habitués à entendre parler fort sur les bateaux.
      C'est aussi à cause de Debussy que l'on ne supporte plus la Castafiore. Avec "Pelléas et Mélisande", Debussy avait donné congé aux Walkyries cornues à forte poitrine, et aux ténors bedonnants.
      Si l'on croit que la Castafiore chante faux, c'est à cause des limites de l'image d'Hergé pour représenter le son. Enfin, j' aimerais bien retrouver pourquoi entendre chanter faux cause un déplaisir absolu.

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    4. je suis ravi d'avoir des lecteurs si tatillons! Oui, Jacobs était baryton.

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    5. "Enfin, j' aimerais bien retrouver pourquoi entendre chanter faux cause un déplaisir absolu." Excellente question .
      Y a til des déplaisirs absolus ? Manger mal n'est pas un, avaler sa propre salive après l'avoir crachée dans un verre en est un. Mais entendre chanter faux est il du même ordre ?

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    6. L'intolérance du capitaine Haddock aux vocalises de la Castafiore n'a rien à voir, en effet, avec des défaillances vocales éventuelles de la Diva. Elle fait plutôt penser à la réaction d'oreilles peu accoutumées aux voix d'opéra qui font dire à leurs propriétaires : "elle gueule !" et qui associent le chant à des voix naturelles non travaillées. J'ai déjà entendu ce genre de réactions.
      L'agacement du cher Capitaine vient aussi de ce que la Castafiore n'arrive jamais à prononcer correctement son nom, ce qui blesse son amour-propre au plus haut point. Cette incapacité est inattendue de la part d'une chanteuse dont on doit supposer l'oreille fine, ne serait-ce que pour être en mesure de chanter correctement en plusieurs langues...
      Le rôle de Méphistophélès chez Gounod convient, à la rigueur, à un baryton-basse; le Mefistofele de Boito est prévu pour une basse tout court.
      La question du chanter-faux est bien posée par le film de Xavier Giannoli "Marguerite" (nom qui est aussi celui du rôle favori de la Castafiore : chanter Faust n'est pas chanter faux !). Aucun spectateur-auditeur ne supporterait que les scènes où Marguerite (Catherine Frot) exécute (au sens littéral) les arias de Mozart ou d'autres compositeurs, durent plus qu'ils ne le font déjà dans le film, pas plus que les échantillons sonores de son modèle historique Florence Foster Jenkins. Chez quelqu'un qui, comme cette américaine, a été professeur de piano, une telle surdité à sa propre voix est proprement incroyable. Mais quand on sait qu'elle aurait déclaré un jour : « Les gens pourront toujours dire que je ne sais pas chanter, mais personne ne pourra jamais dire que je n'ai pas chanté», les choses paraissent plus ambiguës et rendent le personnage plus énigmatique et plus intéressant… Ce n'est pas pour rien que le réalisateur (Giannoli) fait se dérouler l'une des prestations de Marguerite dans un spectacle dadaïste...

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    7. J'ai retrouvé en Kindle le précieux livre de Vincent Delecroix, "Chanter : reprendre la parole". Le chant est fondamentalement viscéral et il est ce qui pénètre le plus dans notre intimité. Pascal Quignard dit que les oreilles n'ont pas de paupières. On peut refuser d'écouter, on ne peut pas s'empêcher d'entendre. Quelqu'un qui chante faux viole notre intimité et c'est un déplaisir absolu pour notre tympan. D'où l'agressivité de notre réaction.
      Vincent Delecroix évoque aussi le cas de l'artiste que l' on massacre parce qu'il chante ou chanterait faux : le barde Assurancetourix, la Castafiore. Là, c'est plus subtil. Il y a dans la beauté du chant quelque chose d'inhumain qui nous enchaîne. C'est le chant des sirènes qui provoque une forme de souffrance chez nous, par son excès de beauté. En massacrant l'artiste insupportable qui chante faux, nous revendiquons notre condition platement humaine, pour démythifier le chant sublime et sa transcendance aliénante. Dire de la Castafiore qu' elle chante faux ou se moquer de son ridicule, c'est une façon de rejeter le chant.

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    8. Je crois qu'avec les sirènes vous avez mis le doigt sur la nature réelle de la Castafiore, et sur l'Ulysséité de Tintin. Mais qui est Nausicaa ?

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    9. "Il y a dans la beauté du chant quelque chose d'inhumain qui nous enchaîne."
      Gesualdo dans ses ultimes madrigaux...

      https://www.youtube.com/watch?v=s_q3EJNUKis

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    10. Tintin ou Blake&Mortimer et les femmes, ainsi que la sexualité de ces personnages de BD, sont des sujets qui sont apparus dans le contexte de la libération des moeurs, avec tous ses excès, à la fin des années 60. On peut se demander si chercher à disséquer la sexualité de Tintin ne relève pas de la volonté de savoir dont parlait Foucault.
      Sur ces sujets, je serai plutôt réaliste. Il y a des postulats et des conventions de la BD d'aventure, qu'il faut admettre, parce qu'elle ne pourrait pas fonctionner sans eux. C'est exactement ce que disait Hergé, quand on l'interrogeait sur ces questions.
      Dans les séries TV, il y a bien eu de la mixité, sur fond de britannicité, comme dans les "Avengers, dès les années 60, mais les Anglais sont toujours en avance, quand il s'agit de résoudre la quadrature du cercle.
      C'est néanmoins la représentation de la femme chez Hergé et Jacobs qui pose problème. Leurs BD s'adressaient à un public de boy-scouts catholiques et la religion pesait d'un poids énorme sur leurs choix.
      Dans le "Rayon U", Jacobs dessine des femmes jeunes et jolies, mais ensuite il ne doit plus le faire. Chez Hergé, les femmes sont furtives, très jeunes ou très vieilles, mis à part la Castafiore, mais sa féminité caricaturale ferait plutôt penser à la théorie du gender. Sur la question de l'alcoolisme du Capitaine Haddock, qui est une épave dans le "Crabe aux Pinces d'Or", la religion sera plus tolérante.

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  3. Je vous donne grâce, il ne faut poinct négliger le langage françois.

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    1. Or doncques il seroit bon que vous corrigeassiez et rectifiassiez aussy, tant que vous y estes, l'autre couille (la chasse à cour). Mercy, le françois vous le rendra.

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    2. en effet, on écrit un peu trop rapidement sur les blogs, sans se relire.
      Cela dit, ne confondez pas le respect de l'orthographe avec l'excellence. L'orthographe c'est juste comme les règles du code de la route, il faut la respecter en effet. L'excellence n'accompagne aucune fonction ni aucun poste.

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    3. PS merci de m'avoir incité à me relire, j'en ai profité pour ajouter quelques liens à mon billet.

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  4. Il y a une politique et une géopolitique de Tintin et de Blake&Mortimer. Leurs albums étaient très en prise sur l'actualité de leur époque. Je n'ai pas de compétences particulières pour en parler, mais je note deux ou trois choses.
    J' ai toujours pensé que le tourisme en France entrait dans les attributs de la britannicité. Voir Stevenson et son "Voyage avec un âne dans les Cévennes". Mais les rapports entre Anglais et Français ont toujours été compliqués.
    Dans Blake&Mortimer, il y eut une évolution inévitable à partir de "SOS Météores". Nos héros vinrent en France, avec le terrible Colonel Olrik. Comme Tintin, nos héros ne vieillissaient pas, mais le monde changeait vite et ils finissaient par évoluer malgré tout, insensiblement. Tintin deviendra étrangement passif et fatigué devant les événements de "Tintin et les Picaros". Haddock et Tintin seront même pressés de rentrer à Moulinsart. C'était aussi une question d'opportunités. Pour continuer la série, l'auteur finissait par faire faire à ses héros ce qu' ils ne faisaient jamais. Les continuateurs de Jacobs feront même peser le soupçon d'être la taupe du MI5 sur l' honorable Francis Blake !
    Tous les filons s'épuisent, pour les créateurs, mais dans le genre fantastique-science-fiction, E.P. Jacobs disposait d'un vaste catalogue : l'Atlantide, la machine à explorer le temps empruntée à H.G.Welles, les Rayons divers inspirés de Flash Gordon, etc.. Néanmoins, Jacobs devenait modeste dans le choix du lieu des aventures de nos héros. Après les pays exotiques, c'était la Vieille Angleterre puis le tourisme en Ile-de-France et dans la Paris souterrain. Il y avait sans doute des choses à décrypter dans les relations franco-britanniques, mais il y avait aussi une crise de la BD d'aventures, qui se manifestait aussi pour Tintin.
    Les aventures françaises de nos deux héros se terminent par l'Affaire du Collier, une banale histoire policière dans le vieux Paris, avec un clin d'oeil au film noir français. C'était une sorte de contre-aventure, comme les Bijoux de la Castafiore.
    Les années 60 ne seront pas très productives pour Jacobs. Hergé quant à lui aura surmonté quelques troubles mentaux. Il rénovera de vieux albums pour les publier en anglais. Il s'essaiera au cinéma et au dessin animé.

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    1. Je suis en plein accord avec votre évocation de B&M. Pour moi ils ont disparu après l'Affaire du collier, qui est en effet un album "à vide": ni intrigue, ni surtout message alors que chacun des autres albums défend une thèse philosophique. ( Je me demande, comme je l'ai suggéré dans le billet ci-dessus, si la thèse philosophique de l'Affaire du collier n'est pas : les Anglais sont devenus des Français, des continentaux, ils ont perdu toute leur Britishness. Jacobs voyait venir le Marché commun, les résidences en Dordogne, Petula Clark, Jane Birkin, et en même temps la britishisation de l'Europe, via les Beatles. Les Trois formules du Pr Sato est aussi un album raté, fait par un Jacob vieillisant, et dessiné en fait par Bob de Moor.

      Il en est pour moi des albums de Jacobs ultérieurs à L'affaire du collier, et des reprises multiples du filon par des imitateurs par la suite, comme des Rolling Stones: pour moi leur carrière s'est arrêtée après Beggar's Banquet, et après la mort de Brian Jones. Les Stones d'aujourd'hui sont des imitateurs de ceux d'avant 1969. A partir d'un certain moment, on devient imitateur de soi-même.

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  5. "SOS Météores" ne traite pas que des relations franco-britanniques, même si son sous-titre est "Mortimer à Paris". Il s'inscrit aussi dans une géopolitique mondiale de l'époque, qui a terriblement vieilli. Dans l'album, Paris est au centre d'une Apocalypse climatique, qui s'abat sur toute l'Europe de l' Ouest et qui rappelle la Troisième Guerre Mondiale du "Secret de l'Espadon". Nous sommes en pleine guerre froide et il y a encore des troupes de l'OTAN en France, qui est la clé de son dispositif en Europe. Dans son scénario, Jacobs avait même envisagé une attaque du centre de commandement de l'OTAN en région parisienne. Il avait testé son idée auprès du chef de la DST, auquel il donnera les traits de Jean Gabin. Derrière les dérèglements climatiques, il y a le complot d'une grande puissance, qui n'est pas nommée. Néanmoins, plusieurs indices donnent à penser qu'il s'agirait de l'URSS. Au Château de Troussalet notamment, le Pr Miloch Georgevitch a la tête d'Arthur Miller, le prototype de l'intellectuel américain suspecté de sympathies communistes par la Commission McCarthy, et accessoirement époux de Marilyn Monroe.
    Politiquement, Jacobs et Hergé n'étaient pas vraiment à gauche. Jacobs racontait que pendant l'épuration à Bruxelles, il campait la nuit avec un gros gourdin devant l'appartement d'Hergé, pour protéger son ami qui avait eu des liaisons dangereuses avec le fascisme belge.
    L'idée d'un complot était apparue à la suite des rigueurs de l'hiver 1954, qui auraient été la conséquence d'essais nucléaires.

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    1. Bien sûr que SOS météores est un produit de la guerre froide. A t il tant vieilli pour autant ? Les espions russes ou autres ont ils disparu ? Songez à internet. On pourrait le dérégler exactement comme le climat. Il y a des Pr Miloch en puissance partout . Jacobs est un prophète. Certes il n 'aimait pas les communistes, et comme Hergé ne fréquentait pas la gauche belge. Mais il n 'eu pas comme Hergé des accointances si
      douteuses. Après tout Derrida fréquentait bien Paul de Man, qui était nettement plus compromis.

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  6. Il est surprenant que personne ne se soit ici interrogé sur le lien que la sagesse populaire établit - depuis quand, au juste ? - entre le fait de chanter faux et la pluie, ce qui nous ramènerait à S.O.S Météores et aux intempéries. En tout cas, sur ce dernier point, l'enquête innocente la Castafiore, même si Tintin redoute à l'occasion qu'elle ne brise les vitres par sa puissance vocale, surtout lorsqu'elle fait la démonstration de son talent dans l'espace confiné d'un taxi (les connaisseurs pourront retrouver la référence appropriée)

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    1. Il est surprenant que personne ne se soit inquiété de la relation non pas entre les propriétés physiques du son de la voix de la Castafiore et seseffets physiques, mais entre ces propriétés physiques et le sens des paroles des chansons qu'elle sort de ses poumons volumineux. Un philosophe de mes connaissances l 'a fait

      https://www.cairn.info/introduction-a-la-philosophie-de-l-esprit--9782707123428-p-19.htm

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  7. Oui, ce n'est pas le sens des paroles de celui qui crie, devant un manteau neigeux instable en montagne, "il va y avoir une avalanche" qui est la cause de cette avalanche...

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  8. non, mais les mots " il va y avoir une avalanche" peuvent causer la peur et mêmel 'envoi du Saint Bernard. Ils ont un sens, qui cause la fuite et l 'envoi. comment ?

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  9. Si je puis me permettre d'ajouter un épilogue à ce "SOS météores", ce sera pour parler d'un livre étonnant, "L'année sans été" de Gillen d'Arcy Wood. En 1815, l'éruption cataclysmique du volcan Tambora d'Indonésie a modifié le climat à l'échelle mondiale un an plus tard, en filtrant le rayonnement solaire. Cela a eu des conséquences considérables, dont le choléra qui a entraîné la mort de Hegel en 1831, et qui s'était développé et répandu à cause de l'absence de mousson dans le golfe du Bengale.
    Avant cela, il y a eu famines, crise économique, développement du pavot à opium en Chine pour remplacer le riz. Sur le plan culturel, les cieux, chargés de poussière volcanique jusqu'en Suisse, donneront l'idée de "Frankenstein" à Mary Shelley invitée au manoir de Lord Byron sur le lac Léman, tandis qu'ils inspireront ses ciels à Turner.
    C'est aussi un peu par superstition numérologique que l'on cherche une analogie entre le dérèglement climatique de 2016 et la catastrophe de 1816. L'année dernière, on disait que toutes les années en 15 étaient les plus malheureuses dans l'Histoire.

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